Être le peuple qu’Allah aime : Réflexion sur Sourate Muhammad (47:38)

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Sourate Al-Fâtiha |
Le premier chapitre traite de ses mérites (فضائل), de ses noms et comporte sept points détaillés dans les sources authentiques de la Sunna.
Elle contient quatre chapitres :
[Le premier chapitre : sur ses mérites et ses noms]
Il comporte sept points :
At-Tirmizhî rapporte d’après Oubayy ibn Ka‘b que le Messager d’Allah ﷺ a dit :
« Allah n’a rien révélé dans la Torah ni dans l’Évangile qui soit semblable à la Mère du Coran. Elle est les sept versets répétés (As-Saba Al-Maçânî), elle est partagée entre Moi et Mon serviteur: à Mon serviteur sera accordé ce qu’il demande. »
Mâlik rapporte d’après Al-Alâ ibn Abd Ar-Raḥmân ibn Yaa‘qûb qu’Abû Sa‘îd, affranchi de [Abd Allâh ibn] Âmir ibn Kourayz, l’informa que le Messager d’Allah ﷺ appela Oubayy ibn Ka‘b alors qu’il priait ; puis il mentionna le hadith.
Ibn Abd Al-Barr dit : « Abû Sa‘îd n’a pas de nom connu et il est compté parmi les gens de Médine. Il a rapporté de Abû Hurayra et ce hadith est mursal (chaîne interrompue). Ce hadith a également été rapporté d’Abû Sa‘îd ibn Al-Mu‘allâ, un Compagnon dont le nom exact n’est pas non plus connu, par Ḥafṣ ibn Āṣim et Oubayd ibn Ḥunayn. »
(Auteur: Al-Qurtubî) dit : C’est ainsi qu’il est rapporté dans At-Tamhîd : « Son nom n’est pas connu. » Dans Kitâb Aṣ-Ṣaḥâba, il mentionne la divergence sur son nom.
Al-Bukhârî rapporte ce hadith d’après Abû Sa‘îd ibn Al-Mu‘allâ qui dit :
« J’étais en train de prier dans la mosquée lorsque le Messager d’Allah ﷺ m’appela, mais je ne répondis pas. Je lui dis ensuite : “Ô Messager d’Allah, j’étais en prière.” Il dit : Allah n’a-t-Il pas dit : Répondez à Allah et au Messager lorsqu’il vous appelle ? Puis il me dit : Je vais t’enseigner une sourate qui est la plus grande sourate du Coran avant que tu ne sortes de la mosquée. Puis il prit ma main et lorsqu’il voulut sortir, je lui dis : “Ne m’as-tu pas dit que tu m’enseignerais la plus grande sourate du Coran ?” Il dit : [C’est] Al-hamdu lillâhi Rabbil-Âlamîn ; elle est les sept versets répétés et le Coran immense qui m’a été donné. »
Ibn Abd Al-Barr et d’autres ont dit : « Abû Sa‘îd ibn Al-Mu‘allâ faisait partie des notables et des chefs des Ançâr. Seul Al-Bukhârî l’a rapporté. Son nom est Râfi‘ ; on dit aussi : Al-Hârith ibn Nufay‘ ibn Al-Mu‘allâ ou Aws ibn Al-Mu‘allâ ou encore Abû Sa‘îd ibn Aws ibn Al-Mu‘allâ. Il mourut en l’an 74 de l’Hégire, à l’âge de 64 ans. Il fut le premier à prier en direction de la nouvelle qibla après son changement. » (Cela sera détaillé plus loin.)
Le hadith a également été rapporté par Abû Yazîd ibn Zuray qui dit : « Rûḥ ibn Al-Qâsim nous a rapporté d’après Al-Alâ ibn Abd Ar-Raḥmân, d’après son père, d’après Abû Hurayra : le Messager d’Allah ﷺ sortit vers Oubayy alors qu’il priait, puis il rapporta le hadith avec un sens similaire. »
Ibn Al-Anbârî mentionne dans son livre Ar-Radd :
« Abû ‘Oubayd Allâh Al-Warrâq m’a rapporté, d’après Abû Dâwûd, d’après Shaybân, d’après Mansoûr, d’après Mujâhid, que : Iblîs, qu’Allah le maudisse poussa quatre cris :
-lorsqu’il fut maudit,
-lorsqu’il fut expulsé du Paradis,
-lorsque Muhammad ﷺ fut envoyé et -lorsque la Fâtiḥat Al-Kitâb fut révélée. Elle fut révélée à Médine. »
Dans l’étude du tafsîr, une question importante a toujours interpellé les savants :
👉 Certaines sourates ou versets du Coran sont-ils supérieurs à d’autres ?
Et de même : Certains Noms d’Allah ont-ils plus de mérite que d’autres ?
Les savants ont divergé sur la question de savoir s’il est permis de préférer certaines sourates ou versets à d’autres, et de préférer certains Noms sublimes d’Allah (al-Asmâ’ al-Husnâ) à d’autres.
Certains ont dit : Il n’y a pas de supériorité entre certaines parties du Coran ou certains Noms d’Allah car tout est Parole d’Allah et Ses Noms sont tous parfaits, sans distinction de valeur entre eux. C’est l’avis de l’Imâm Abû al-Ḥasan al-Ash‘arî, du Qâḍî Abû Bakr ibn al-Ṭayyib, de Abû Ḥâtim Muḥammad ibn Ḥibbân al-Bustî, ainsi que d’un groupe de juristes. Une version similaire est rapportée de l’Imâm Mâlik.
Yahyâ ibn Yahyâ a dit : « Préférer une partie du Coran à une autre est une erreur. » De même, Mâlik n’aimait pas qu’on répète une sourate ou un passage du Coran en particulier sans lire les autres. Concernant la Parole d’Allah : “Nous en apportons de meilleure ou de semblable” (Coran 2:106), Mâlik a expliqué : « Une [révélation] abroge une autre mais elle reste parfaite en elle-même. » Ibn Kinâna rapporte la même explication de Mâlik.
Leur argument est que considérer qu’une partie du Coran est meilleure implique que l’autre serait inférieure, alors que la nature essentielle (zhâtiyya) du Coran est une seule et même chose : la Parole d’Allah, qui ne comporte aucune imperfection.
Al-Bustî explique que la phrase du Prophète ﷺ : « Il n’y a rien dans la Torah ni dans l’Évangile qui soit semblable à la Mère du Coran » signifie : Allah ne donne pas au lecteur de la Torah ou de l’Évangile la même récompense qu’Il donne au lecteur de la Mère du Coran. Par Sa grâce, Allah a honoré cette communauté plus que les autres et lui a accordé plus de récompense pour la lecture de Sa Parole que ce qu’Il a accordé aux autres communautés. Cela est une faveur d’Allah pour cette Oumma.
Quant à l’expression « la plus grande sourate », elle désigne la grandeur de la récompense et non que certaines parties du Coran auraient intrinsèquement plus de valeur que d’autres.
D’autres savants ont dit qu’il y a effectivement une supériorité entre certaines parties du Coran. Ce qui est contenu dans des versets comme :
-« Et votre Dieu est un Dieu unique. Pas de divinité en dehors de Lui, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » (Coran 2:163),
-Ayat al-Kursî (Coran 2:255),
-La fin de la sourate Al-Ḥashr (59:22-24),
-Et la sourate Al-Ikhlâṣ (Qoul Houwa Allâhou Ahad), Tout cela, par la richesse des preuves qu’ils apportent sur l’Unicité d’Allah et Ses Attributs, n’existe pas de façon équivalente dans la sourate : Tabbat Yadâ Abî Lahab (Coran 111) et d’autres sourates similaires.
La supériorité se mesure donc à la profondeur, à la richesse des significations et non à la qualité intrinsèque de la Parole. Et c’est là l’opinion correcte.
Parmi ceux qui ont affirmé la supériorité, on trouve Ishâq ibn Râhawayh et d’autres savants et théologiens. C’est aussi le choix du Qâdî Abû Bakr ibn al-Arabî et d’Ibn al-Hassâr, à cause de hadiths comme celui rapporté d’après Abû Sa‘îd ibn al-Mou‘allâ et d’après Oubayy ibn Ka‘b :
Le Prophète ﷺ dit : « Ô Oubayy, quel verset as-tu avec toi dans le Livre d’Allah qui soit le plus grand ? »
Oubayy répondit : « Allah ! Pas de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par Lui-même ».
Le Prophète ﷺ frappa sa poitrine et dit : « Que cette science te réjouisse, Abû al-Mundhir ! »
(Hadith rapporté par Al-Bukhârî et Muslim)
Ibn al-Hassâr a dit : « Je m’étonne que certains rapportent une divergence alors que ces textes sont clairs. »
Ibn al-Arabî dit : L’expression « Allah n’a rien révélé dans la Torah ni dans l’Évangile ni dans le Coran qui soit semblable à elle » ne mentionne pas les autres Livres révélés comme les Feuillets ou les Psaumes, car ceux mentionnés sont les plus vertueux. Or, lorsque quelque chose est meilleur que le meilleur, il devient le meilleur de tout. C’est comme dire : « Untel est le meilleur des savants » cela signifie qu’il est le meilleur de tous.
La Fâtiha contient des attributs uniques que les autres sourates n’ont pas, au point que certains ont dit que tout le Coran est contenu en elle. Elle compte 25 mots qui renferment toutes les sciences du Coran. Parmi ses honneurs : Allah l’a partagée entre Lui et Son serviteur ; aucune adoration n’est valide sans elle ; aucune œuvre n’égale sa récompense.
-Tawhîd,
-de règles,
-et d’exhortations,
Al-Ikhlâs contient tout le Tawhîd.
-le Tawhîd,
-l’adoration,
-l’exhortation
-le rappel. Cela n’est pas étonnant de la part d’Allah.
C’est comme lorsque le Prophète ﷺ a dit :
« La meilleure parole que j’ai dite, moi et les prophètes avant moi, est : “La ilaha illAllah, wahdahou la shârika lah” (Il n’y a pas de divinité en dehors d’Allah, Seul, sans associé).
Cela est la meilleure formule de rappel car elle réunit toutes les sciences liées au Tawhîd.
Alî ibn Abî Ṭâlib رضي الله عنه rapporte que le Messager d’Allah ﷺ a dit :
« La Fâtihat al-Kitâb, Ayat al-Kursî, “Allah atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Lui”, et “Dis : Ô Allah, Maître du Royaume”… ces versets sont suspendus au Trône et il n’y a aucun voile entre eux et Allah. »
Ce hadith est rapporté par Abû Amr ad-Dânî dans son livre Al-Bayân.
La Sourate Al-Fâtiha occupe une place centrale dans la pratique spirituelle des musulmans. Elle est non seulement la première sourate du Coran mais elle est aussi reconnue comme une puissante ruqyah (remède spirituel).
Al-Muhallab a dit que le passage à utiliser pour la guérison spirituelle (ruqyah) dans la Sourate Al-Fâtiha est uniquement :
« Iyyâka naa‘boudou wa iyyâka nasta‘în » (C’est Toi [Seul] que nous adorons et c’est Toi [Seul] dont nous implorons le secours).
Mais il a aussi été dit que toute la sourate est une ruqyah car le Prophète ﷺ dit à un homme qui lui avait demandé :
« Et comment sais-tu que c’est une ruqyah ? »
Sans dire : « qu’elle contient une ruqyah », ce qui indique que la sourate entière est une ruqyah.
Cela s’explique par le fait que cette sourate est la Fâtihatoul-Kitâb (l’ouverture du Livre), le commencement, et qu’elle contient toutes les sciences du Coran, comme cela a été évoqué précédemment. Qu’Allah soit Le plus Savant.
Rien n’empêche que d’autres sourates soient également appelées Mathânî (les versets répétés) ou Oumm al-Kitâb (la Mère du Livre).
Allah, le Très-Haut, dit :
« Un Livre aux versets multiples et répétitifs » (Kitâban mutashâbihan maçânî) c’est ainsi qu’Il a appelé Son Livre Maçânî car ses versets sont souvent répétés dans différents passages.
La Sabaa-Ṭoūl (les sept longues sourates) sont aussi appelées Maçânî car elles contiennent les prescriptions légales et les récits qui se répètent.
Ibn Abbâs a dit :
« Le Messager d’Allah ﷺ a reçu sept sourates parmi les Mathânî. »
Il s’agit des sept longues sourates, rapporté par An-Nasâ’î. Ce sont les six sourates allant de Al-Baqara à Al-A‘râf et la septième fait l’objet de divergences : certains disent que c’est Yûnus, d’autres disent que c’est Al-Anfâl ou At-Tawba. C’est l’opinion de Mujâhid et Sa‘îd ibn Jubayr.
Le poète Ashâ Hamdân a dit :
« Entrez dans la mosquée, invoquez votre Seigneur, étudiez ces Maçânî et Ṭūl. »
Un développement plus détaillé sur ce sujet sera donné dans la sourate Al-Ḥijr, si Allah le veut.
Maçânî est le pluriel de Muçannâ (ce qui est au nombre de deux), et Ṭūl est le pluriel d’Atwal (ce qui est long).
La sourate Al-Anfâl est appelée parmi les Maçânî car elle suit les longues sourates dans sa longueur.
On a aussi dit qu’elle est celle dont le nombre de versets est supérieur à ceux des sourates « détaillées » (Al-Mufaṣṣalât) mais inférieur à cent.
Les sourates dites Al-Mi’īn sont celles dont chacune compte plus de cent versets.
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